Confondue avec une personne recherchée, elle est menottée
Un couac administratif a conduit à l’arrestation d’une coiffeuse vaudoise à la douane de Bardonnex.
Rosa* est coiffeuse, son mari est nettoyeur. Ils vivent avec leurs enfants dans le canton de Vaud. Ce couple qui ne roule pas sur l’or comptait se rendre à Barcelone samedi dernier chez une amie dentiste. L’occasion de lui rendre visite et de bénéficier de soins dentaires à des tarifs moins prohibitifs qu’en Suisse. Pourtant, Rosa a payé ce bon plan au prix fort: jamais elle n’aurait imaginé que ce matin du 5 juin, elle n’allait même pas pouvoir quitter la Suisse. Pire, elle a été interpellée à Genève, menottée et interrogée. Et sa voiture a été mise à la fourrière, ce qui lui a valu une facture de 1328 francs adressée par l’Office cantonal des véhicules et de la navigation (OCAN). Tout cela à cause d’un malheureux malentendu.
Le nom de Rosa ressemble en effet un peu à celui d’une femme recherchée par Interpol, une suspecte née le même jour qu’elle. Quant à la voiture, en raison d’une erreur du Service de la navigation vaudois, elle est enregistrée sous un autre nom: probablement celui de la femme traquée par les policiers. Ces derniers, qui ne veulent pas en dire davantage sur ce volet Interpol, se disent néanmoins navrés pour Rosa.
Une dentiste catalane
Revenons sur ce départ avorté en Espagne. Le couple quitte son domicile de Mézières (VD) au petit matin. Les époux prennent au passage une femme en covoiturage pour partager le coût des péages et de l’essence jusqu’en Catalogne. «C’est un ami qui a passé une annonce sur un groupe WhatsApp afin de proposer à quelqu’un de venir avec nous, relève le mari de Rosa. La seule chose que j’ai demandée à cette personne, c’est un contrôle PCR négatif. Ce qu’elle a fait. Sinon je ne la connaissais pas.»
À 6 h 30, le trio arrive à la douane de Bardonnex. Rosa présente les papiers et notamment ceux du véhicule utilisé en leasing depuis 2018 à Lausanne, une Mitsubishi Outlander PHEV, immatriculée dans le canton de Vaud: «Soudainement, je me suis retrouvée menottée et interrogée comme une criminelle durant plusieurs heures par la police genevoise.»
On lui a dit que le véhicule et son nom «matchaient» avec une recherche Interpol. «On m’a reproché de ne pas avoir payé l’assurance des plaques. La police m’a aussi demandé de réunir une série de documents (sur elle, son conjoint et ses enfants) d’ici à mardi et a évoqué durant mon audition mon expulsion de Suisse.» Rosa est ressortie des locaux de la police routière vers 15 h 30, samedi. «Sous le choc», nous dit la coiffeuse, défendue par Me Daniel Meyer.
Erreur de procédure
Dans la semaine, la mère de famille s’est ensuite rendue au Service vaudois des automobiles et de la navigation (SAN), à la Blécherette, pour essayer de comprendre ce qui lui arrivait. Le SAN lui a remis une lettre du 8 juin attestant qu’un employé du SAN avait enregistré le véhicule sous le nom d’une mauvaise personne née le même jour. De ce fait, dixit le service vaudois, «nous avons fait un écrasement d’identité entre ces deux personnes».
osa nous montre, estomaquée, la facture salée de l’OCAN qui met à sa charge les frais de dépannage et de mise en fourrière de 1328 francs. «Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’une personne est interpellée par la police à la suite d’une erreur du SAN, déplore Me Daniel Meyer, avocat de Rosa. Ma cliente va bien entendu demander des excuses aux autorités et la réparation du préjudice important qu’elle a subi.»
«Ma cliente va bien entendu demander des excuses aux autorités et la réparation du préjudice important qu’elle a subi.»
Me Daniel Meyer, avocat de Rosa
Au service de presse de la police genevoise, on relève «qu’il y a eu manifestement un couac dans cette affaire. Lorsque nous traitons ce genre d’infraction, nous appliquons la procédure en fonction des informations qui ressortent dans nos fichiers informatiques. Hors des heures de bureau, typiquement la nuit, il nous est impossible d’effectuer les vérifications nécessaires auprès des assurances ou des autorités compétentes. Concernant la facture que cette personne a reçue, nous lui conseillons de prendre contact avec l’OCAN afin d’expliquer la situation.»
«Garder son sang-froid»
Et le service de communication de conclure: «Nous conseillons à chaque personne confrontée à ce genre de situation de garder son sang-froid et d’effectuer les démarches auprès des services compétents dès l’heure d’ouverture.»
*Identité connue de la rédaction
Par Fedele Mendicino
Source : TDG
Crédit photo : LUCIEN FORTUNATI